Ville de Paris, Service de l’arbre et des bois de la Direction des Espaces Verts (DEVE)
Ville de Paris
Depuis le 16e siècle, Paris intègre l’arbre dans tous ses aménagements urbains et porte une attention particulière à la diversification de ses essences. En 2023, selon l’Atelier parisien d’urbanisme (APUR), la capitale compte 110 000 arbres d'alignement dans ses espaces publics, tels que les boulevards, les avenues, les rues et les places. Cette arborescence contribuent à la beauté de la rue tout en offrant de l'ombre et de la fraîcheur. Environ 700 km de chaussées sont bordées d'arbres, principalement dans les voies larges de plus de 19 mètres, sur les 1650 km de voies publiques de Paris. En 2014, une étude menée par l'APUR pour évaluer l'impact des arbres d'alignement sur les îlots de chaleur urbains a confirmé que la densité de plantation et le choix des essences sont des critères clés pour réduire les températures.
• À l'ombre des arbres, on constate dans Paris jusqu'à 20°C de différence en température ressentie grâce à la réflexion de la chaleur par leur feuillage et à leur évapotranspiration (étude APUR 2014).
• Les arbres améliorent le paysage, la qualité de l'air et l’environnement sonore.
• La création de trames vertes contribue au développement de la biodiversité en ville et favorise les mobilités actives.
L’étude menée par l’APUR propose un exemple concret du rôle important que joue la densité de plantation dans le potentiel de rafraîchissement des arbres d’alignement. L’exemple se situe dans le 18e arrondissement de Paris, plus précisément dans la rue Leibniz et le Boulevard Ney, qui sont séparées d'une distance d'environ 100 mètres. Bien que ces deux voies soient plantées du même type d'arbre, le platane, leur densité et leur espacement diffèrent. En effet, la rue Leibniz bénéficie d'une densité de plantation élevée, tandis que le boulevard Ney a une densité trop faible. Cette différence se traduit par une température ressentie de 33°C à 38°C dans la rue Leibniz (densité de plantation idéale), tandis que la température ressentie sur le boulevard Ney est de 50°C à 55°C en raison de la densité de plantation insuffisante.
Dans le cadre de son étude, l’APUR s’est penchée sur les boulevards Haussmann et Poissonnière, qui se trouvent dans les 9ème et 10ème arrondissements de Paris, et qui témoignent de différences significatives en termes d'arbres et de transparence de canopée. En effet, ces deux axes sont arborés d'essences différentes, à savoir les platanes et les sophoras, ce qui explique la différence de transparence de canopée observée entre eux (20% pour les platanes et 60% pour les sophoras). La différence observée entre les boulevards Haussmann et Poissonnière ne se limite pas à la transparence de canopée. En effet, la température ressentie sur ces deux axes diffère considérablement, avec une différence de plus de 10°C. Sur le boulevard Haussmann, arboré de platanes, la température ressentie est de 38°C, alors qu'elle atteint les 50°C sur le boulevard Poissonnière, où les sophoras sont prédominants. Cette différence s'explique par la canopée particulièrement clairsemée du sophora, qui ne permet pas de retenir le rayonnement solaire et engendre un faible ombrage.
En 2001, Paris comptait 92 400 arbres sur ses voies intra-muros. Cependant, entre 2001 et 2008, plus de 6 400 nouveaux arbres ont été plantés, soit autant que durant les quarante années précédentes - ce qui a porté le nombre d'arbres d'alignement à plus de 100 000 en mars 2010. Les arbres d'alignement se répartissent sur environ 700 km de linéaire et concernent 1 613 voies publiques sur un total d'environ 6 000 voies. La surface située à l'ombre de ces arbres d'alignement, qui est estimée à environ 250 hectares de surface dite « plantée », représente près de 3 % de la superficie totale de Paris intra-muros.
Le plan Arbre de la ville de Paris prévoit la plantation de 170 000 arbres d'essences locales et résistantes d'ici 2026, avec l'objectif de créer des forêts urbaines dans certains quartiers de la ville. En 2021, la ville de Paris lance une concertation avec les citoyens autour de ce plan qui vise également à renforcer la gestion et l'entretien des arbres existants pour améliorer la biodiversité et la qualité de l'air dans la ville.
Le coût de la plantation d’un arbre à Paris varie en fonction de plusieurs facteurs, comme l’essence choisie, la préparation du sol, et les soins initiaux nécessaires. En moyenne, planter un arbre en milieu urbain peut coûter entre 2000 et 5000 euros. Ce montant inclut souvent les étapes de préparation (comme l'aménagement du sol et la plantation), ainsi que les suivis nécessaires pour assurer la survie de l’arbre, tels que les arrosages, l’élagage, et la surveillance sanitaire. Les projets spécifiques, tels que les alignements d'arbres dans des zones denses, peuvent avoir des coûts différents en raison des contraintes logistiques ou de la nécessité de renforcer la biodiversité locale.
Ces coûts s'inscrivent dans des projets plus larges, comme le Plan Arbre de Paris, qui vise à planter 170 000 arbres entre 2020 et 2026, pour un total de 30 hectares d’espaces verts supplémentaires dans la capitale.
🔗 Consulter la synthèse des résultats de l'étude "Bénéfices des arbres d'alignement en confort hydrique sur le microclimat urbain : quel effet des conditions météorologiques ?" de l'Institut Agro Rennes Angers
🔗 APUR, La canopée des arbres plantés sur les espaces publics parisiensÉtude comparative de 8 essences principales, 2023.
🔗 ADEME, L’arbre en milieu urbain, acteur du climat en région Hauts-de-France, 2018
🔗 Consulter l'enquête Plante & Cité sur la gestion des arbres en ville, 2014
Serge Muller, Suzanna Pomer