Élu référent : André Trives. Service Agroécologie et transition écologique de la mairie d’Elne (enag@ville-elne.com)
Commune d'Elne
La commune d'Elne s'est lancé le défi de faire place à la nature là où, hier encore, régnait la voiture. C'est dans un contexte de sécheresse intense et répétée du territoire des Pyrénées-Orientales, qu'il a été décidé par la mairie et ses citoyens de désimperméabiliser et végétaliser les rues. Alors que les habitants soulevaient une problématique de nuisances induites par le stationnement, la solution combinée à ces deux enjeux prend désormais à Elne la forme de jardins partagés. Le but : favoriser l'infiltration de l'eau dans le sol pour limiter le ruissellement pluvial et conserver plus de fraîcheur en coeur de ville.
La première étape de l'élaboration d'un jardin partagé après sa libération du bitume consiste en une remise en sol. Des plantes sont utilisées pour enrichir en nutriment et aérer le sol afin qu'il retrouve sa qualité et sa perméabilité après des années d'asphalte. C'est le cas de cultures fourragères, comme le sorgho et la phacélie, dont les racines denses et profondes permettent de décompacter la terre et de procurer, à leur mort, de l'humus (matière organique très riche). La plupart des anciennes zones de stationnement font l'objet de remises à niveau grâce à ce types de techniques d'agroécologie. Dans cette terre enrichie et recouvrant une certaine fertilité, des plantes aromatiques et comestibles peuvent être plantées.
Elne ville jardin est un programme qui met la gestion de l'eau au coeur de la stratégie d'adaptation de la commune au changement climatique. En témoigne la désartificialisation progressive des rues et des places de la ville. Ces opérations de déminéralisation permettent l'infiltration des eaux de pluie à la parcelle et leur évite de ruisseler ou d'être rejetées dans les réseaux d'eaux usées. Elles prennent la forme de revêtements drainants ou de solutions vertes comme la création d'une noue végétalisée sur la place du marché.
Le nouveau cycle de l'eau à Elne passe également par un changement de comportement des habitants qui récupèrent les eaux de pluie et réutilisent des eaux dites "grises" (eaux usées domestiques) pour arroser les jardins partagés. Face aux menaces de sécheresse, la commune d'Elne a organisé en mars 2023 une réunion publique citoyenne qui a permis de récolter un grand nombre de suggestions et a abouti à la création d'un collectif citoyen de vigilance, de réflexion et de propositions sur les questions liées à l'eau.
Suite à un épisode de sécheresse intense historique en 2022, les élus de la comme d'Elne s'intéressent au modèle de la "ville éponge". Ce concept, développé dans les années 2000 par de grandes métropoles asiatiques pour lutter contre les inondations, repose sur un principe de désimperméabilisation massive permettant la restauration du cycle naturel de l'eau et des fonctions naturelles des sols. Leur objectif : adapter la ville aux évolutions climatiques et développer une stratégie d'autosuffisance. Une première phase de consultation des habitants a été réalisée afin de valider le principe d'une telle stratégie.
En avril 2023, un "décroûtage" des parkings du centre de la ville est réalisé avec l'aide d'habitants volontaires. En d'autres termes, ces places font l'objet d'une désimperméabilisation : la terre, le fumier et les broyats de bois remplacent le béton, puis des graines sont semées. En tout, c'est l'équivalent d'une centaine de places de stationnement qui se voient remplacées par des jardins partagés. Les places de la mairie et du marché sont également désimperméabilisées. Un comité citoyen de l'eau, en charge de déterminer les futures zones à désartificialiser est créé.
En 2024, le programme de transformation se poursuit, avec le lancement d'une étude de faisabilité technico-économique pour la désimperméabilisation et la revégétalisation de quatre zones de stationnement situées sur la commune. La mise en place d'une Charte de végétalisation citoyenne qui permet la délivrance de "permis de végétaliser" contribue à renforcer la dynamique engagée.
Le montant pour la réalisation des jardins potagers sur les placettes de la commune s'est élevé à 50 000 euros. Le financement d'Elne Ville Jardin est porté par le Centre Communal d'Action Sociale, en lien avec le Département et l’Appel à projet Contrat de Ville 2023. En effet, le quartier concerné est en zone "quartiers prioritaires de la politique de la ville" (QPV) et répond donc aux appels à projet en rapport.
Le montant pour l’opération désimperméabilisation et renaturation du Marché de gros a été de 80 000 euros. La commune a bénéficié d'une aide du département de 12 000 euros et d'un soutien technique d’aide à l’ingénierie. D’autres dépenses sont à venir liées à l’aménagement global de cette zone.
La commune a obtenu des aides de l’État via à l’Agence de l’eau pour une étude de désimperméabilisation et de renaturation à hauteur de 70%. Les sites concernés par « les forêts nourricières » sont financés à même hauteur dans le cadre de l’appel à projet « AMI Eau et Climat ».
Des difficultés en termes d'acceptabilité ont été rencontrées en début de projet, des habitants n'étant pas favorables à la remise en terre de certaines places de parking. La commune indique avoir levé cet obstacle grâce à des outils de démocratie participative.
Les opérations techniques sur le Marché de Gros et Elne Ville Jardin ont été en majorité gérées en régie par la commune avec le soutien de quelques prestataires/entreprises privées lorsque nécessaire.
Pour les prochains projets, la commune a sélectionné les prestataires suivants :
Commune d'Elne, JC Milhet / Reporterre